Thomas Dressler
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Qu'est-ce que le rythme ?
La manifestation constante de la volonté au retour périodique du temps fort. Ce n'est que par le rythme que l'on se fait écouter. Surtout à l'orgue, tous les accents, tous les effets en dépendent. [...]
- Widor, preface to the book "L'orgue de Sean-Sébastien Pach" by André Pirro
Le rythme est souple, la mesure ne l'est pas ; mais rythme et mesure sont qualités essentielles de la polyphonie classique et contribuent à l'unité de la composition. [...] allargando et crescendo sont presque synonymes dans la musique d'orgue ; toute précipitation rompt le charme : «presser», c'est diminuer et refroidir, contrairement à l'opinion du vulgaire.
Aussi nous contenterons-nous d'animer très légèrement une phrase de second plan, une polyphonie réduite à deux ou trois parties, un épisode sans conséquence ; ça et là nous transigerons quelque peu avec la mesure, mais jamais avec le rythme. Pas de rythme, pas de vie ; on est mort quand le cur a cessé de battre.
Est-il nécessaire d'affirmer que l'orgue doit respirer comme le font nos poumons, et que toute musique doit être ponctuée scrupuleusement, [...] Apprenons à respirer.
[...] La musique n'est pas en fil de fer, mais en caoutchouc : du rythme et de la souplesse, voilà ce qu'elle exige de nous.
[...] Autre observation : toute progression demande à être ponctuée. [...] L'important est de jouer de ces retards avec une telle habileté, de les rendre si justes, si différents les uns des autres, si progressifs parfois, que l'auditeur ne s'en rende pas plus compte que du battement de ses artères. Ce vague ralentissement précautionnel, c'est celui de l'automobile au détour du chemin : le mécanicien serre le frein en vue de la courbe (non à la courbe même, car ce serait trop tard et la catastrophe aurait toute chance de se produire), en ayant soin d'éviter secousses et cahots, mais en ne s'arrêtant pas.
- Widor, De l'interprétation des Préludes et Fugues, in Schirmer's Bach edition, 1914
On se plaît à répéter que l'orgue est dénué de tout accent. C'est le rôle de l'organiste de lui en donner, et ceci n'est possible que si son jeu est d'une clarté absolue. Cette clarté repose d'abord sur l'observance quasi mathématique des valeurs. Sans cette rigueur, le chevauchement des notes les unes sur les autres, sur cet instrument au son tenu, aboutit à la confusion. Et le phrasé, partie si importante de l'interprétation, est déterminé, non pas par la fantaisie, mais par les règles de la polyphonie classique.
- Dupré, manuscript (reproduced fac simile in Murray's Dupré monography)
Pour bien jouer ces Chorals, il est nécessaire d'observer strictement les règles suivantes :
[...]
2. Le rythme doit demeurer inflexible.
3. La durée des respirations doit être précise.
[...]
- Dupré, introduction to the Seventy-Nine Chorales op. 28
Conseils à retenir pour l'Évocation [...]. L'adagio : «Il faut[, dit Dupré,] jouer [...] presque rubato ; ...ça fiche par terre toute ma théorie contre le rubato à l'orgue ; cela prouve que la sensibilité n'a pas de loi...»
- Demessieux, personal diary, entry o May 1st, 1942 (reproduced in Trieu-Colleney's book "Jeanne Demessieux, Une vie de luttes et de gloire")
What is rythm?
The constant manifestation of the will to periodically return to the strong beat. It is only through the rythm that one gets listened to. Especially at the organ, all accents and all effects depend on it. [...]
- Widor, preface to the book "L'orgue de Sean-Sébastien Pach" by André Pirro
Rythm is flexible, measure is not; but rythm and measure are essential features of classical polyphony and contribute to the unity of the composition. [...] allargando and crescendo are almost synonymous in organ music; any precipitation breaks the charm: to "press" is to diminish and to make cold, contrary to vulgar belief.
Thus we content ourselves with very slightly animating a second plane phrase, a polyphony reduced to two or three parts, an unconsequential episode; here and there, we comprimise somewhat with measure, but never with rythm. No rythm, no life; we die when out heart stops beating.
Is it necessary to state that the organ must breathe like our lungs do, and that every music must be scrupulously punctuated, [...] Let us learn to breathe.
[...] Music is not made of iron wire, but of rubber: rythm and flexibility, that is what it demands from us.
[...] Another observation: every progression needs to be punctuated. [...] The important thing is to play these delays with such skill, to render them so right, so different from one another, so progressive sometimes, that the listener does not notice them any more than he notices the beat of his own arteries. This vague precautionary deceleration is that of the automobile reaching a curve: the driver breaks when the curve approaches (but not at the curve itself, for it would be too late and a catastrophy would have every chance to occur), taking care to avoid jolts and bumps, but without stopping.
- Widor, De l'interprétation des Préludes et Fugues, in Schirmer's Bach edition, 1914
Some are content repeating that the organ is devoid of all accents. It is the organist's task to provide them, and this is only possible if his playing has absolute clarity. This clarity rests first of all on observing durations almost mathematically. And phrasing, such an important part of interpretation, is not determined by fantasy, but by the rules of classical polyphony.
- Dupré, manuscript (reproduced fac simile in Murray's Dupré monography)
In order to play these chorales correctly, it is necessary to observe strictly the following rules:
[...]
2. The rythms must be scrupulously accurate.
3. The length of the rests must be precise.
[...]
- Dupré, introduction to the Seventy-Nine Chorales op. 28
Advice to be noted for the Évocation [...]. Adagio: "It must[, so Dupré,] be played [...] almost rubato; ...this throws my whole theory against rubato out of the window, which proves that sensitivity has no law..."
- Demessieux, personal diary, entry o May 1st, 1942 (reproduced in Trieu-Colleney's book "Jeanne Demessieux, Une vie de luttes et de gloire")
Translation:Après le crescendo de la [première mesure], il sera impossible de percevoir le pianissimo [deux mesures plus loin], c'est-à-dire la modulation, si l'on ne respire pas franchement avant d'attaquer l'accord sur sol# clef de fa. Or, personne ne remarquera cette respiration, tellement elle est naturelle ; vous ne jouez pas en mesure puisque vous intercalez [...] un excédent de valeur, mais vous sauvez le rythme, ce qui suffit à l'auditeur.
After the [first bar's] crescendo, it will be impossible to perceive the pianissimo [two bars later], i.e. the modulation, if there is no frank respiration before attacking the G# chord in the left hand. But this respiration is so natural that no one will notice it; you do not play in meter since you insert an additional duration, but rythm is saved, which is enough for the listener.
For the Wagner camp, I believe the excessive rubato was essential to making the music happen, whereas in the Brahms camp, the rubato was an organic part of the musical structure of a piece. For Wagner, the tempo changes were essential to the musical effect, to Brahms it simply pointed out the structure of the music. I know this is an oversimplification, but sometimes we need to generalize to get a handle on an explanation.